Éditions GOPE, 240 pages, 13x19 cm, 17.85 €, ISBN 978‐2‐9535538‐8‐8

vendredi 29 mars 2013

John Burdett, Quai du Polar


John Burdett sera en dédicace samedi 30 mars de 11h à 12h et 14h30 à 16h, dimanche 31 mars de 11h à 12h et 16h à 18h, et lundi 1er avril de 10h à 11h et 15h à 16h30 sur le stand de la librairie Passages.

Rencontrez John et repartez avec votre exemplaire de Bangkok Noir dédicacé !

http://www.quaisdupolar.com/auteurs/john-burdett

jeudi 7 mars 2013

Universalité urbaine



Dans le monde actuel tel qu'il est mondialisé, l'on commence à penser que toutes les grandes villes, les mégapoles comme on les appelle, se valent, que la vie trépidante y est la même, que violence, forces de police et mobiles des infractions sont identiques.

D'ailleurs à Bangkok, l'on va retrouver au sein de ces douze nouvelles des thèmes qui se rapprochent des grands thèmes « occidentaux » : corruption des forces de police, amants qui cherchent à se débarrasser des conjoints, tueurs à gages tarantinesques, solidarité des petites gens, lutte peut-être virtuelle contre les grands groupes capitalistes prédateurs des ressources naturelles. Peut-être parce que les auteurs sont majoritairement, au contraire de la collection « Villes noires » des éditions Asphalte (le titre de ce recueil peut prêter à confusion, mais il y a eu une presque même idée originale au même instant en deux lieux distincts avec une ambition artistique plus élargie par le biais d'illustrations en noir et blanc), des Occidentaux. À ce propos, il faut souligner que l'un des auteurs « locaux », un général, signe un texte sur la corruption policière qui ne reflète pas forcément les tendances littéraires en vogue par chez nous. On trouvera également, s'éloignant du « noir » même, en contradiction avec la préface, un texte qui s'installe dans une variation revendiquée du crime en chambre close dans un avion qui arrive à Bangkok. Sans aucun doute, la nouvelle la plus faible du lot, qui s'écarte quelque peu de la thématique car l'avion lui confère un lieu « international » et un suspect israélien…

Ce qui est intéressant et peut-être même étrange, mais montre à quel point la contamination de l'esprit de la ville déteint sur ceux qui l'écrivent, c'est que Bangkok offre une variable dans le monde du roman noir en distillant une dose de fantastique dans les intrigues. C'est ainsi que l'on peut trouver un personnage qui prétend avoir des visions pour aider la recherche criminelle, mais qui comprend bien malgré lui qu'il ne faut pas jouer avec des pouvoirs surnaturels. Ou cette nouvelle qui montre un Occidental travaillant pour une mafia locale et qui est sauvé par l'amour que lui porte un esprit. Dans ces deux nouvelles, le décentrage par le ressort fantastique met encore plus en valeur l'exotisme du décor. Enfin, dans une autre, le personnage central vit une aventure kafkaïenne dans les rues de la ville où il est pourchassé par des petits voyous et sauvé par une prostituée. Le fantastique peut aussi parfois être uniquement basé sur l'étrangeté de la situation avec un récit qui s'achève sans véritable résolution du crime mais c'est peut-être dans l'ordre naturel des choses, ou dans un ultime texte où le contraste entre les activités d'un tueur à gage dans sa journée et les pensées prosaïques sur sa vie quotidienne se télescopent contradictoirement.

Malgré des auteurs différents, servis par des traducteurs différents, malgré la variété des thèmes abordés, l'étrangeté naît aussi pour nous, d'une unité de l'ensemble, des récits d'où parviennent à surgir les odeurs, le grouillement et les images que nous associons inconsciemment aux grandes villes asiatiques.

[…]

Citation
« Le citron atterrit six mètres plus bas, dans la cave : machinalement et sans effort, Mae Nak tendit le bras pour le ramasser. Son mari, bien en chair et en os lui, comprit à ce moment-là qu'il vivait avec un fantôme et prit peur. »

Laurent Greusard, mardi 18 décembre 2012
http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=livre&id=2590

mardi 26 février 2013

Entre ombre et lumière, entre réalité et cauchemar




Alors que les éditions Asphalte ont ouvert la voie des recueils de nouvelles centrées sur de grandes villes mondiales, les éditions GOPE complètent la collection avec ce Bangkok noir.

Autant en emporte l’Orient de John Burdett : Le narrateur, après avoir découvert le journal de l’oncle Walter, sorte de brebis galeuse de la famille, va s’installer en Thaïlande et découvrir les légendes spirituelles de ce pays.

L’inspecteur Zhang et le meurtre du gangster thaï de Stephen Leather : L’inspecteur Zhang et le sergent Lee de la police de Singapour vont en Thaïlande pour ramener un prisonnier. A l’atterrissage, un passager est mort assassiné. Vraisemblablement, il a été tué un quart d’heure avant l’arrêt de l’appareil. L’inspecteur Zhang va devoir résoudre ce mystère.

Mille et une nuits de Pico Iyer : Après la perte de sa femme, le narrateur va quitter l’Angleterre, et se rendre en Thaïlande. Il va se perdre dans le Bangkok nocturne, pour mieux se retrouver.

Crâne-coupé de Colin Cotterill : Samart Wichaiwong est plus connu sous le nom de professeur Wong. Sa profession de devin a fait sa renommée. La police va lui demander de l’aide dans une affaire qui va lui rappeler son statut de charlatan.

Dauphins S.A de Christopher G.Moore : Entre réalité et jeux vidéo virtuels, Chinapat, un jeune Thaïlandais au crâne rasé joue au tueur à gages et est engagé pour assassiner Tanaka, une activiste qui lutte contre le massacre des dauphins par les Japonais.

Une femme libérée de Tew Bunnag : Phi Nok, un jeune homme, rencontre son amie Nong Maew, jeune femme entretenue par un riche industriel, Khun Taworn. Dans un centre commercial, ils se croisent sur un escalator, et Phi Nok reconnaît en l’industriel son ancien amour, qu’il avait rencontré dans un bar.

Hansum man de Timothy Hallinan : Un ancien du Vietnam exilé à Bangkok. Un matin, mal réveillé, il part à la recherche de la femme avec qui il a vécu, Jah. Mais il ne fait pas bon se perdre dans les bas-fonds de Bangkok.

Le jour s’est levé d'Alex Kerr : Un jeune homme est assassiné, poignardé dans le métro aérien de Bangkok. Le narrateur, journaliste pour un quotidien new-yorkais, reçoit un appel de son rédacteur en chef : il a 24 heures pour enquêter sur cette affaire que la police a bâclée sans trouver le coupable.

La mort d’une légende de Dean Barrett : Deux tueurs à gages, un ancien et un débutant, se retrouvent dans l’appartement de leur future victime, la légende inégalée des assassins, le plus connu des tueurs. Un huis clos amusant et plein de rebondissements.

L’épée de Vasit Dejkunjorn : Vie et mort d’un inspecteur corrompu.

Bras de fer autour d’une glacière d'Éric Stone : Comment un journaliste économique, qui a l’habitude de manger sa soupe de poisson auprès d’une vendeuse ambulante, assiste à la résolution du vol de sa glacière contenant son poisson de façon tout à fait non violente.

Canicule mortelle de Collin Piprell : La journée de Chaï, un tueur, permet de décrire la vie des Thaïlandais de l’intérieur.

Ce recueil de nouvelles montre un certain nombre de facettes de cette ville de Thaïlande, entre ombre et lumière, entre réalité et cauchemar, entre sentiments et virtualité. Chaque nouvelle comporte sa propre identité, allant de la poésie pure à l’enquête policière classique à la façon de la Grande Mme Agatha Christie. C’est surtout la spiritualité, les croyances, les esprits omniprésents qui donnent à ce roman ce charme si discret et cette tonalité typiquement asiatique. Et même si comme dans tout recueil de nouvelles, le lecteur aura ses préférées, ne ratez en aucun cas les nouvelles de John Burdett, de Pico Iyer, d'Éric Stone. Ainsi que la cruauté de l’auteur thaïlandais Tew Bunnag.

Pierre Faverolle, le 12 septembre 2012
http://black-novel.over-blog.com/article-bangkok-noir-recueil-de-nouvelles-editions-gope-109438005.html

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Black Novel : Le blog de Pierre Faverolle
Description : Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle[at]gmail.com

mercredi 13 février 2013

Une anthologie de très, très bonne facture



[...]
Il faut d'abord rendre hommage aux éditions GOPE qui ont pris le pari de traduire cette anthologie, à l'heure où la nouvelle est peu prisée (que c'est triste !) par le public francophone et qu'en dehors de John Burdett (Bangkok 8), l'ensemble des auteurs de ce recueil sont inconnus de ce côté de l'Atlantique. Pourtant, tous ont une vraie notoriété ailleurs (au Canada, en Angleterre et bien sûr en Thaïlande). C'est donc pour chacun d'entre nous la possibilité de découvrir ces auteurs peu ou pas traduits du tout en dehors des nouvelles de Bangkok Noir. Voilà déjà un premier atout.
Le deuxième, c'est une passionnante introduction (dont un passage constitue la quatrième de couverture) de Christopher G. Moore qui dirige cette anthologie. Il est canadien mais vit depuis vingt ans à Bangkok. Il a notamment créé un personnage récurrent, Vincent Calvino, détective privé américain basé en Thaïlande. Une vingtaine de titres ont déjà été publiés, un seul traduit en France (Zéro heure à Phnom Penh). Dans son édito, il nous dévoile ce que « le noir » signifie pour lui. Il y met des variantes qui peuvent nous éloigner du pur hard-boiled américain ou du roman noir français tel que nous les percevons.

Il ne faut donc pas s'étonner si la première nouvelle, Autant en emporte l'Orient, est un texte fantastique qui raconte une histoire d'amour surnaturelle sur fond d'arrangements mafieux. Ce n'est pas celle que j'ai préférée et je ne l'aurai pas placée en ouverture en raison justement de cette interprétation inattendue du « noir ». Toutefois elle pose dès le départ un de ces paradoxes asiatiques courants qui oppose modernisme et croyances ancestrales.

La seconde, L'inspecteur Zhang et le meurtre du gangster thaï, propose une énigme façon « meurtre en chambre close » mais version Boeing 777. Une petit régal de déduction, même si cette histoire aurait pu se passer n'importe où.

La première histoire vraiment touchante et de plus une vraie représentation du Bangkok d'aujourd'hui s'intitule Mille et une nuits et propose une errance dans le Bangkok by night, avec ses néons, ses bars, ses rabatteurs, ses transsexuels.

Crâne-coupé est une de mes préférées : un shaman charlatan se fait arnaquer par la fille de ses cauchemars. Une nouvelle fantastique et horrifique, digne des Contes de la Crypte ou de Hitchcock raconte… et qui, d'une certaine manière, ne manque pas d'humour.

Étonnamment, j'ai eu du mal à suivre la nouvelle de Moore, Dauphins S.A, où deux jeunes geeks plongés dans leur réalité virtuelle jouent les écoterroristes. Elle est dans sa forme totalement du ressort de la science-fiction et pourrait dérouter quelques lecteurs 100 % polar, néanmoins là encore elle traduit le malaise d'une société accédant à une technologie qui pourrait un jour la dépasser. Le sujet de fond, l'écologie et la protection de l'écosystème face à la convoitise japonaise, est évidemment tout à fait d'actualité.

Une femme libérée traite de chantage, d'infidélité, d'homosexualité, d'arnaque et de vengeance… et surtout du besoin de liberté des femmes enfermées dans le carcan de la maîtresse attitrée. Un cocktail explosif même si la fin reste un peu… floue.

La deuxième nouvelle émouvante et qui soit selon moi une des meilleures, est sans détour, Hansum Man. Un vétéran du Vietnam, installé à Bangkok, alcoolique et aux limites de la sénilité, découvre que « sa » Thaïlande a bien changé. Un texte fort, empreint de nostalgie, violent par les actes mais aussi par l'émotion qu'il provoque.

Le jour s'est levé tient presque plus du pamphlet. Un journaliste américain enquêtant sur un meurtre se heurte au silence des témoins.

Suit la nouvelle La mort d'une légende, qui, bien que bien écrite, aurait, elle aussi, pu se passer ailleurs. Deux tueurs à gages ont pour contrat d'assassiner un de leur confrère, une légende dans le milieu. Ce texte a ce côté intemporel qui le place à la limite du hors sujet mais il reste très sympa à lire.

L'épée traite de la corruption au sein de la police et est une des rares nouvelles à « chute » du recueil. Son final fantastique laisse à penser que la rédemption n'est pas au goût du jour pour notre flic véreux.

Une autre nouvelle assez drôle, Bras de fer autour d'une glacière, nous emmène dans un grand restaurant de Bangkok. La patronne ayant subtilisé la spécialité d'une jeune cuisinière des rues, cette dernière en appelle à un ami farang (étranger, occidental) pour l'aider à récupérer son poisson au curry qui passe pour être le meilleur de la ville.

Et enfin, Canicule mortelle nous emmène dans les bas-fonds, là où culs-de-jatte et voleurs à la petite semaine, tentent de survivre. Mais certains acceptent des missions qui peuvent être bien plus graves que la simple mendicité. Et tant pis pour les dommages collatéraux.

C'est donc une anthologie de très, très bonne facture.

Pratiquement tous les textes m'ont enchantée, de part leur éclectisme, leur poésie, leur exotisme, leur violence aussi. On perçoit bien les grandes tendances et les traits de caractère qui définissent Bangkok.

Concernant la couverture, elle est pas mal même si je n'aime pas forcément la bouche sanguinolente (en noir et blanc) ajouté à la photo du personnage. Je trouve la couverture originale bien plus neutre […].


Si vous pensez comme moi j'espère que cela ne vous arrêtera pas, car ce qui compte c'est ce qu'il y a dedans et maintenant vous en avez un bel aperçu.

Je m'en suis donc remise à tous ces auteurs qui, le temps de quelques nouvelles, m'ont transportée dans un ailleurs qui m'était totalement inconnu. Mes affinités littéraires asiatiques se limitant au Japon, je n'ai pu apprécier ce recueil que par la curiosité attisée par un éditeur méritant. Je vous encourage à la même démarche en espérant vous avoir aussi intrigués, intéressés, interpellés.

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Sommaire (les * correspondent en toute subjectivité à mes préférences. *** étant le must)

***Christopher G. MOORE Introduction
* John BURDETT Autant en emporte l'Orient (fantôme, mafia, surnaturel, tatouage)
** Stephen LEATHER L'inspecteur Zhang et le meurtre du gangster thaï (avion, énigme, gangster, huis-clos)
** Pico IYER Mille et une nuits (Bangkok, errance, prostitution, transexualité)
*** Colin COTTERILL Crâne-coupé (cauchemar, escroquerie, fantastique, vengeance)
* Christopher G. MOORE Dauphins S.A. (écologie, virtualité)
** Tew BUNNAG Une femme libérée (adultère, chantage, gay & lesbien)
*** Timothy HALLINAN Hansum man (Bangkok, délinquance, nostalgie, vétéran)
** Alex KERR Le jour s'est levé (enquête, journaliste)
** Dean BARRETT La mort d'une légende (coup monté, tueur à gage)
** Vasit DEJKUNJORN L'épée (corruption)
** Eric STONE Bras de fer autour d'une glacière (concurrence, gastronomie, vol)
*** Collin PIPRELL Canicule mortelle (assassinat, précarité, sans abris)

http://www.librairiesoleilvert.com/article-christopher-g-moore-antologie-bangkok-noir-2011-108348990.html
Herveline, juillet 2012.

mercredi 6 février 2013

Pour aller au-delà, bien au-delà du sourire thaï



Fidèle à son esprit pointu, le fondateur des éditions GOPE nous dévoile un aspect méconnu de la Thaïlande, sa face cachée la plus sombre, au travers de douze nouvelles toutes plus noires les unes que les autres.
Et là, plus que des énigmes policières à résoudre, les auteurs évoqueront le plus souvent la spiritualité ambiante, la magie pas toujours bienveillante. A l’image du romancier qui ouvre le bal, John Burdett, auteur de « Bangkok 8 », de ses suites et du récent « Vulture Peak ». Dans « Autant en emporte l’orient », il nous fait vivre les affres d’un homme mal marié, soudainement épris d’une femme ravissante au mystérieux tatouage magique, un sak yant.
De maléfice, il en est aussi question dans « l’épée » où un colonel de police va devoir payer le prix fort pour ses vilaines habitudes de fonctionnaire corrompu.
Dans « Crâne coupé », un sorcier de pacotille va même faire un petit séjour en enfer !
« Bras de fer autour d’une glacière » vous fera comprendre avec une grande finesse les rapports de forces sociaux et les moyens dont dispose le bas peuple pour négocier avec les puissants. Pas question de jouer les gros bras ou de taper sur la table, la manière d’avancer ses pions est bien plus subtile. Tout comme dans « Mort d’une légende » ou la meilleure façon de tirer sa révérence lorsqu’on est un tueur à gages.

Une anthologie à garder dans sa poche et bien en tête, pour aller au-delà, bien au-delà du sourire thaï.

Vendredi 20 juillet 2012 par Emmanuel Deslouis
http://www.eurasie.net/webzine/spip.php?article1092

dimanche 27 janvier 2013

Bangkok Noir traduit en français



Dirigée par l’excellent Christopher G. Moore, cette anthologie de nouvelles noires réunit plusieurs pointures internationales du roman policier et du thriller : John Burdett, Colin Cotterill ou encore Stephen Leather. À leurs côtés prennent place les inoxydables gloires de la fiction bangkokienne, telles que Dean Barrett ou Collin Piprell, ainsi que deux auteurs thaïlandais (une première !). On y retrouve en particulier Tew Bunnag, l’auteur du lumineux After the Wave, publié à Bangkok en 2010 par Mettavisions.

L’intérêt premier de Bangkok Noir est de présenter une cartographie inédite de la ville. Douze auteurs, tous fins connaisseurs des allées et contre-allées de la Cité des Anges, donnent à voir l’envers du décor au pays du sourire. De fait, l’ouvrage pourrait se glisser sans dépareiller (à la photo de couverture près) dans la prestigieuse série des « villes noires », initiée par Akashic Books aux États-Unis et reprise par Asphalte en France.

Si cette anthologie aligne une savoureuse galerie de dingues, de durs et de paumés, elle propose aussi une intéressante diversité de genres : enquête classique, récit introspectif, univers fantastique, etc. Cette diversité est, certes, le reflet des sensibilités très contrastées des nouvellistes réunis par Moore mais, peut-être et surtout, du potentiel fabuleux d’histoires que peut générer cette ville. C’est l’un des mérites de Bangkok Noir que d’avoir su le montrer.

Mais le noir ne serait pas du noir s’il ne revenait pas toujours à son essence propre, ici pour Bangkok, à une culture propice au déchirement, entre matérialisme exacerbé et croyances locales. Pour le dire à la façon de Moore dans son éclairante préface : « J’aime considérer le noir comme le produit de contradictions et de désillusions qui condamnent les êtres à vivre sans espoir de les atténuer jamais. Peu importe alors qu’ils luttent, car ils ne s’en sortiront pas. »

Vittorio Illustrato, août 2012
http://maddogs123.blogspot.ch

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Vittorio Illustrato est l'un des vingt auteurs de Léman Noir, une anthologie de nouvelles inédites qui ancre la tradition littéraire du noir au cœur de la région lémanique.

http://www.bsnpress.com/cat-leman_noir.html

dimanche 20 janvier 2013

« Bangkok noir » – Collectif (Gope) – de bien noires nouvelles




 MUAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Quel plaisir de retrouver Christopher G. Moore ! Et c’est d’ailleurs ce qui m’a fait choisir, dans ma PAL qui déborde, Bangkok noir. Je connais moins ou pas les autres auteurs des nouvelles de ce bouquin, mais si Christopher G. Moore a accepté de mettre ses textes au milieu des leurs, alors ok, je prends.

Alors nous voilà, grâce aux très belles plumes de ces chers auteurs, transportés à Bangkok. Surpopulation, criminalité, prostitution, manipulation, trafic d’armes/de drogues, tout est réuni pour faire de la ville le décor de ces nouvelles qui s’apparentent pour certaines à des thrillers, qui pour certaines utilisent les ressorts du paranormal, dont certaines s’attachent à décrire spécifiquement la société thaïlandaise elle-même (et ses conséquences pour le public non averti), d’autres les relations entre les farangs et leur pays d’adoption, … . Intéressant de voir à quel point ces auteurs (et la plupart des traducteurs – qu’il convient de saluer en passant) maitrisent leur sujet : plus qu’y vivre/travailler, ils ont acquis avec le temps et l expérience une connaissance de la ville, de ses activités souterraines et de ses tractations officielles, de ses travers, de ces beautés. Parmi une population si dense qu’elle en fait devenir claustrophobe certains étrangers, ils mettent tous en scène des habitants de la ville, avec des variantes : des étrangers qui comprennent ce qu’ils vivent mais n’ont pas de prise dessus, des étrangers dépassés par les événements et qui tentent de s’accrocher aux branches, des locaux qui se font piéger par leur ville, des gangsters qui voulaient profiter du système et finalement rattrapés par lui, … La ville est omniprésente, dangereuse, source de chances et de revers, de tromperies et d’amours.

Bangkok noir n’est pas « du noir pour du noir », mais une façon pour ces auteurs, via leur art, de faire découvrir une ville et une culture dont ils sont tombés amoureux et dont ils côtoient les différentes facettes. Et quand en plus cette ville leur donne tant et plus de matière pour le faire, c’en devient un véritable plaisir pour le lecteur.

Sweetie
http://www.unwalkers.com/bangkok-noir-collectif-gope-de-bien-noires-nouvelles