Eric Stone est un ancien journaliste, basé en Asie du Sud-Est pendant les années 90, qui a dû s’autocensurer sur un certain nombre de sujets sensibles. Désormais de retour à Los Angeles où il se consacre à plein temps à l’écriture, il reprend les thèmes qu’il n’avait pu développer et réutilise les informations qu’il avait glanées à l’époque. Ces éléments servent de trame à la série des Ray Sharp, des romans noirs voire hardboiled :
- The Living Room of the Dead – réseau mafieux de prostitution russe à Hong Kong et à Macau ;
- Grave Imports – trafic d’œuvres d’art volées sur les sites archéologiques du Cambodge ;
- Flight of the Hornbill – basé sur le scandale financier de la mine d'or de Bre-X Busang (http://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_d%27or_de_Bre-X_Busang) ;
- Shanghaied – Hong Kong vient d’être rétrocédée à la Chine et c’est le début d’une compétition féroce avec Shanghai. Ces deux villes seront le théâtre de trafics en tous genres.
Malgré des critiques positives émanant d’écrivains (de thrillers) reconnus comme John Farris, Allan Folsom, Ed Gorman, T. Jefferson Parker , John Burdett, Timothy Hallinan, Colin Cotterill, de chroniqueurs spécialisés et de lecteurs, Eric Stone n’a pas encore percé. Son éditeur est une petite structure et Eric Stone s’investit énormément auprès des librairies indépendantes de Californie pour se faire connaître.
Affiche du film My Best Bodyguard |
Ray est un journaliste anglophone en poste à Bangkok. Sa spécialité : la finance. Cet homme, empêtré dans la routine des interviews de golden boys et autres banquiers, a un péché mignon : le poisson au curry vert de Plaa, une marchande ambulante.
Un beau jour, Plaa est victime d’une mystérieuse agression et sa glacière contenant la précieuse cargaison de poisson au curry vert est dérobée.
Quel est donc le lien entre ce vol et le Big Shrimp, grand restaurant qui vient d’ouvrir et dont la propriétaire est la mystérieuse Mme Preecha, femme d’un général, proche du pouvoir ?
Justice doit être faite et Ray se retrouve alors entraîné dans le combat inégal de David contre Goliath, de Plaa contre Mme Preecha où tous les rouages de la solidarité, de l’intelligence et de la psychologie s’actionnent pour infléchir la loi du plus fort.
Qui sortira vainqueur de ce combat inégal ? La timide Plaa dont la seule possession est une glacière emplie de poisson au curry vert, recette de famille dont l’élaboration doit rester secrète ou l’inquiétante Mme Preecha, forte de son argent et de ses relations politiques ?
Le pot de terre contre le pot de fer…
Extrait :
Et ce n’est pas le colosse, posté devant la porte du bureau, qui va dissiper ce sentiment de malaise. Il est plus grand que moi, il est donc vraiment grand pour un Thaïlandais. Et costaud en plus, sans un gramme de gras. Son visage est marqué par de nombreuses cicatrices et son nez a été suffisamment cassé pour que je puisse en conclure que ce gars ne rechigne pas à la baston. Toutefois, le plus flippant chez ce mec, c’est son costume : noir, épais, en laine, boutonné… Le hall n’a pas de clim et ce mec ne sue pas. Rien. Pas une goutte.
Moi, je suis en nage, comme d’habitude à Bangkok. Je pourrais lui parler toute la journée, car il semble évident qu’il ne réagira à aucune de mes paroles.
Cho me rejoint et fait l’interprète : toujours aucune réaction de la part de l’armoire à glace. Ça me démange de claquer des doigts juste devant son visage, mais j’ai bien peur qu’il ne me casse en deux. Donc, je m’abstiens.
Je recule et murmure à l’oreille de Plaa, qui était restée à distance :
« C’est un des gars qui t’a agressée ? »
Elle secoue la tête. Non. De toute façon, ça n’a aucun sens. À quoi bon se servir d’un tel colosse pour une agression aussi mineure ? Dans le coin, il y a plein de jeunes aux dents longues qu’une femme friquée peut engager pour ce genre de travail.
En tout cas, on n’arrivera à rien même si on trouve qui a fait le coup. Il nous faut parler à la patronne. Et elle est là, de l’autre côté de la porte. Reste à passer le cerbère…
Elle sait que nous sommes là. Il y a une caméra de sécurité au-dessus de la porte.
© Eric Stone, 2011
© Éditions GOPE, 2012, pour la version française
Petit clin d’œil gastronomique :
Les détectives des éditions GOPE ont retrouvé Mme Plaa et l’ont photographiée en train de préparer sa spécialité, le hor mok (ห่อหมก) !
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