Retrouvez un John Burdett (et son traducteur habituel, Thierry Piélat) en grande forme dans un thriller qui lorgne du côté du fantastique ! L'auteur nous prouve une nouvelle fois sa connaissance de Bangkok, avec une version moderne d'un mythe populaire thaï.
Contrairement à Sonchaï Jitpleecheep (personnage central des romans Bangkok 8, Bangkok tattoo, Bangkok psycho et Le parrain de Katmandou), le flic atypique qui refuse toute forme de corruption et préfère s'adonner à la méditation pour mener ses enquêtes, le personnage est ici un avocat farang corrompu, quoique prisonnier d’une vie différente de celle dont il avait rêvé. Au service d'une famille thaïe peu scrupuleuse, il se console d’une épouse aimante mais frigide dans les bras d'une maîtresse du Nord-Est, dont les mystérieux tatouages khmers sont de plus en plus nombreux…
Mae Nak Phra Khanong |
Extrait :
Enfin, ils m’ont adressé des clients. Il faut avoir pratiqué le droit pour se rendre compte à quel point les gens fabuleusement riches sont odieux, méprisables, mesquins, vindicatifs, fascistes, sociopathes, paranoïaques et malsains. Tous ceux qu’ils m’envoyaient entraient dans cette catégorie. Ô combien ! Et la générosité qu’ils m’avaient témoignée était apparemment soumise à une autre condition, tacite : je devais coûte que coûte gagner certaines affaires. La corruption est devenue ma principale compétence en tant qu’avocat. […]
Maintenant, même mes ennemis disent que je suis plus thaï que les Thaïlandais et si, à la cinquantaine, je suis en proie au dégoût de soi que les avocats dans mon genre ont besoin d’éprouver pour se convaincre qu’ils font encore partie de la famille humaine, eh bien, j’ai encore deux atouts dans la manche pour sauver mon âme. L’une est l’oncle Walter – ces derniers temps, je me suis mis à relire son journal et je l’ai même fait saisir sur Microsoft Word afin de pouvoir l’étudier au travail sans éveiller les soupçons de mes beaux-parents ; ils continuent de poster des espions et je suis presque sûr que ma deuxième secrétaire est payée par eux. Ma seconde source de consolation est Om.
Vous avez évidemment deviné que Om n’est pas ma femme. Exact. Ce n’est pas non plus l’une des prostituées surpayées qui travaillent dans le bordel excessivement cher où je dois aller tous les samedis soir avec mon beau-frère Niran, rituel destiné à resserrer les liens entre les hommes de la famille (c’est ça ou sniffer de la cocaïne avec le frère cadet ou encore me saouler comme un Polonais au whisky Mékong avec le plus jeune). Om est mon innocence, mon âme. Elle est entrée dans ma vie mystérieusement.
© John Burdett, 2011
© Éditions GOPE, 2012, pour la version française
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